- béguin
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• 1387; de béguine1 ♦ Anciennt Coiffe que portaient les béguines. Par ext. Coiffe qui s'attache sous le menton par une bride. — Spécialt Bonnet que l'on mettait aux bébés.2 ♦ (XVIIIe) Fig. et fam. vieilli Passion passagère. Avoir le béguin pour qqn. « Décidément, c'était le grand béguin, [...] la vraie amour » (Queneau). — Personne qui en est l'objet. ⇒ amoureux, chéri. C'est son béguin.Synonymes :- amoureux- caprice- chéri- flirt- passade- pépin (vieux)- toquadeBéguinn. m.d1./d Coiffe de femme rappelant celle des béguines.— Par ext. Bonnet pour les enfants.d2./d Fig. et Fam. Passion passagère. Il a le béguin pour elle.|| Personne qui en est l'objet.————————Béguin(Albert) (1901 - 1957) essayiste et critique suisse d'expression française. Professeur à Bâle, puis à Paris, directeur de la revue Esprit, il est l'auteur de l'âme romantique et le Rêve (1937) et d'essais sur Nerval, Balzac et Ramuz.I.⇒BÉGUIN 1, voir BÉGARD.II.⇒BÉGUIN2, subst. masc.COST. Sorte de coiffe très collante que portaient les béguines et qui s'attachait sous le menton à l'aide de deux brides.— P. anal., vx1. Coiffe de femmes ayant la même forme que celle des béguines :• 1. ... ce froid mais calme visage [de mademoiselle du Guénic] était encadré par un petit béguin d'indienne brune, piqué comme une courte-pointe, garni d'une ruche en percale...BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 28.2. Sorte de petit bonnet à trois pièces en toile ou en laine que l'on faisait porter aux très jeunes enfants. Un enfant qui a encore le béguin (Ac. 1798-1878, BESCH. 1845) :• 2. Sa petite sœur [de Petit-Pierre] Solange avait, pour la première fois de sa vie, une cornette à la place du béguin d'indienne que portent les petites filles jusqu'à l'âge de deux ou trois ans.G. SAND, La Mare au diable, 1846, p. 197.— Expr. fig., pop., vx. Je lui ai (bien) lavé son béguin. Je l'ai bien grondé, je l'ai vertement réprimandé (cf. Ac. 1835-1878, BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG).Prononc. :[
]. Étymol. et Hist. 1387 « espèce de coiffe » (DOUET-D'ARCQ, Nouv. recueil de comptes de l'argenterie des rois de France, p. 319). Formé p. méton. à partir de béguine, ces religieuses étant coiffées d'un tel bonnet. Fréq. abs. littér. : 36.
DÉR. Béguinette, subst. fém., ornith. ,,Surnom du becfigue, sans doute à cause de son capuce foncé`` (Ac. Gastr. 1962). Il reproduisait toutes sortes de cris d'oiseaux, la grive, le grasset, l'alouette pépi, qu'on nomme aussi la béguinette (HUGO, L'Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 4). — 1re attest. 1869 id.; terme liég. (HAUST 1933, s.v. bèguène); dimin. de béguine, suff. -ette.III.⇒BÉGUIN3, subst. masc.ArgotA.— Avoir un (le) béguin pour qqn. Éprouver une toquade, un caprice amoureux, vif quoique passager :• 1. Quand Souris épousa Mlle Mathilde Duval, Leuillet fut surpris et un peu vexé, car il avait pour elle un léger béguin.MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Le Vengeur, 1883, p. 910.• 2. André, exactement, n'avait jamais eu d'« amie ». Une fois, il avait failli céder au béguin : elle s'appelait Louisa, elle était trottin.R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 106.— P. ext. Avoir un béguin pour qqc. (une institution, un établissement, etc.) :• 3. ... depuis Gambetta, la république assistait sans déplaisir à la lente métamorphose de l'esprit national (...) réduit peu à peu à la superstition pure, au fétichisme des midinettes, à une espèce de toquade, de béguin pour les militaires.BERNANOS, La Grande peur des Bien-Pensants, 1931, p. 305.B.— P. méton. La personne qui est l'objet de ce sentiment amoureux. Tu vois ce grand brun? C'est mon béguin (Nouv. Lar. ill.).— P. ext. La personne qui est l'objet d'un engouement passager, intellectuel par exemple :• 4. Mais d'où vient que je garde à Barrès plus de véritable amour qu'à tous mes anciens béguins? C'est peut-être de ce que c'est Barrès qui me révéla, au sortir de la placidité maeterlinckienne, le désir.J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1906, p. 350.PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — Av. 1778 avoir un béguin pour (qqn) « avoir une passion passagère pour » (Rousseau dans Lar. 19e).Prob. formation régr., sous l'infl. de béguin2, du verbe embéguiner fig. « se mettre qqc. dans la tête, se coiffer de qqn, de qqc. »STAT. — Fréq. abs. littér. :61.DÉR. Béguiner, verbe intrans. Béguiner pour. Éprouver un béguin pour (cf. A. SIMONIN, Le Pt Simonin ill., 1957, p. 233). — 1re attest. 1957 id.; dér. de béguin3, dés. -er.béguin [begɛ̃] n. m.ÉTYM. Av. 1236, au sens I; lat. médiéval beguinus, forme masc. de beguina (→ Béguine), de même orig. que bégard.❖———I Vx. Bégard (1.).———II (1387; de béguine, par métonymie).1 Anciennt. Coiffe que portaient les béguines.2 Coiffe qui s'attache sous le menton par une bride. || Le béguin blanc des servantes. ⇒ 4. Cale (2.). — Spécialt. Bonnet que l'on met aux jeunes enfants. || Coiffer un nourrisson d'un béguin. ⇒ Embéguiner.1 Sans collet, sans béguin et sans autre affiquet (…)Mathurin Régnier, Satires, XI.2 Que peut-elle avoir, cette Dolorès, à comploter avec la Bonne-Mère ? (…) leurs pareils béguins noirs, débordants comme des capotes de voiture, se rapprochent jusqu'à se toucher (…)Loti, Ramuntcho, I, 4, p. 41.———III1 (Av. 1778, ci-dessous cit. 3; d'après être embéguiné, cf. Être coiffé de…). Fam. Passion passagère pour qqn. ⇒ Amourette, caprice, fantaisie, flirt, passade, pépin (vx), toquade. || Avoir le béguin, un (petit) béguin pour qqn. ⇒ Amouracher (s').3 — Que veux-tu en faire ? — Je ne sais pas. Il me plaît; j'ai un béguin pour ce garçon-là !♦ Par ext. ☑ Avoir le béguin pour qqn : être amoureux de qqn. → Être mordu pour qqn. || C'est le vrai, le grand béguin.4 C'est idiot, dit-il. Mais j'ai vraiment le béguin pour elle.Roger Vailland, 325 000 francs, p. 175.5 Décidément, c'était le grand béguin, la belle histoire, la vraie amour.R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 65.6 (…) j'ai un sacré béguin pour vous. Dès que je vous ai vue, je me suis dit : je pourrais plus vivre sur cette terre si je ne me la farcis pas un jour ou l'autre.R. Queneau, Zazie dans le métro, Folio, p. 157.♦ ☑ Loc. Au béguin : par amour. || Le faire au béguin.7 — Ne vous fâchez pas ! Écoutez, je suis un gigolo, c'est vrai, mais pour vous ce serait au béguin. Sans blague. Vous me plaisez beaucoup. Je ferai ce que vous voudrez.Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 199.♦ ☑ Avoir le béguin pour qqch. : aimer beaucoup, avoir une grande envie de. || Elle a eu le béguin pour cette robe, il a fallu qu'elle l'achète tout de suite. || J'ai un vrai béguin pour cette petite voiture. — REM. Les emplois extensifs supposent une affectivisation de l'objet.2 Par métonymie. Personne qui est l'objet de cette passade. ⇒ Amoureux, chéri, flirt. || C'est son béguin.❖DÉR. (Du II.) Béguineuse.
Encyclopédie Universelle. 2012.